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Ainsi Va la Vie... épisode n° 295... LES ANGOISSES


DSC03433 copie copier.jpg– Tu penses à lui ?

– De qui tu parles ?

– De personne.

– Alors, t’as raison, je ne pense à personne.

– Je m’en doutais.

 

Elle avait vaguement menti pour éviter de s’étendre sur un sujet dont personne ne savait rien puisqu’elle ne s’était jamais confiée à qui conque, mais dont beaucoup se faisait un film. A croire que moins on s’étale plus on suscite de curiosité. Curiosité, qui n’ayant rien à se mettre sous la dent de tangible se nourrit d’imaginaire.

 

Oui, elle pensait à lui. Et elle aurait voulu ne penser qu’à lui, ou à personne. Mais depuis des semaines elle avait la tête pleine. Pleine de soucis, de tracas de problèmes, qu’elle trimballait comme des valises sans même en tenir les poignées.

 

Si encore, il n’y avait eu qu’un gros souci ? Mais non, ils s’accumulaient sans distinguo. Petits, grands, moyens. Les siens et ceux des autres. Ces soucis indirects qu’elle aurait dû  frôler et s’en éloigner, mais ce n’était pas dans sa nature. Au lieu de ça, elle les absorbait comme une éponge.  Elle rajoutait une couche, et même plusieurs, à sa propre couche déjà épaisse comme si   les  siens  ne lui suffisaient pas  pour atteindre le seuil de saturation.

 

  Et contrairement aux douleurs, dont on dit que la plus forte devenant dominante fait oublier les autres, là, les douleurs s’additionnaient.

 

Petits problèmes de santé ? Non graves. Soignable mais grave. Autant ne pas en parler, pour ne pas entendre les : « Mais ne t’inquiète pas, aujourd’hui la médecine a tellement fait de progrès, et moi j’ai une amie… » Non ! Évitons  l’amie qui s’en est très bien sortie. Ah ! L’amie…à croire que chacun à la sienne.

 

Au: « Comment vas-tu ? » Elle souriait en réponse, laissant dans le doute, supposer que tout allait toujours bien dans le meilleur des mondes, et que dans le sien,  tout baignait dans l’huile.

 

Ce matin, elle est tellement ailleurs, qu’à toutes les questions qui cherchent à ouvrir la barrière de son jardin secret, elle sourit. Elle sourit en fixant d’un regard par en dessous, puis en baissant les yeux. Et parfois, elle grimace une moue, qui en complément, laisse entendre qu’elle s’en sort, que ce n’est pas toujours facile, mais quelle s’en sort. Si elle avait osé elle  aurait rajouté : « Ne vous inquiétez pas pour moi ».

 

A vrai dire, depuis que cette situation a débuté elle ne s’en sort pas. Elle fait semblant et elle s’enfonce, elle s’isole, elle souffre. Elle souffre en silence comme elle a toujours su souffrir.

 

Et puis il y a lui, lui qui passe et repasse dans sa tête comme un soleil. Lui qui chasse ses nuages l’espace, d’une seconde, d’une minute, d’une image… Lui avec qui tout est tellement impossible dans l’absolu, qu’une incroyable complicité s’est tissée.

12645161_898554126928590_1868294912967052026_n.jpgElle pense à lui, et dans un long fondu, son image se floute avant de disparaitre. Alors, simultanément, elle  retombe dans les travers d’une vie compliquée et à nouveau, les angoisses  l’envahissent. En réaction, consciente ou pas, comme un appel au secours, elle repense à lui. Elle y pense comme on s’accroche à une paroi glissante en y plantant les doigts, les ongles, les mains, à s’en bruler la peau  et puis… elle lâche prise.

 

En dehors de ces instants artificiels avec lui, Il n’y a que, lorsque qu’elle se focalise sur son travail, que ses anxiétés font un break. Mais dès qu’elle s’autorise une pause, en moins de temps qu’il ne faut pour sucrer son café, les anxiétés, les images, les questions sans vraies réponses, se bousculent au portillon. Alors si en plus, elle pensait à lui comme elle imagine qu’il pense à elle !?... Et pourtant dans ces petits espaces de calme c’est bien à lui qu’elle songe. Juste son visage, son sourire… Un instant de grâce.  Il n’est pas la solution, juste une échappatoire provisoire.   

 

Elle aimerait dormir, dormir, dormir et se réveiller dans la lumière éblouissante d’un nouveau matin où tout se serait effacé. Comme si elle avait cauchemardé et qu’au réveil, miracle. Et par magie, elle serait enfin entrée dans ce nouveau jour comme on pénètre dans un présent  ouvert vers un avenir libre de tout. Un nouveau jour où  rien de tout ce qui encombrait son quotidien ne subsisterait.

 

Elle aimerait tout minimiser, positiver, se convaincre qu’elle vit un mauvais passage, qu’elle a connu pire, et qu’au bout du tunnel… Mais ! Mais non rien n’y fait. L’inquiétude et les angoisses reprennent le dessus.

 

– Alors tu ne penses pas à lui ?

Elle ne répond pas mais son regard fusille son interlocutrice avec en sous-entendu et en sous-titré sous les images : « Tu n’imagines pas à quel point  tu me gonfles. Et je reste polie ! ». Elle voudrait lui dire comme un aveu :

– Oui je pense à lui !  Tout nous rapproche et tout nous sépare. Il n’y a pas de futur possible ensemble. Pas d’avenir !

Mais une voix intérieure lui répond :

– Et si tu ne songeais qu’au présent ?

– Nous ne vieillirons pas ensemble soupire-t-elle

– Non ! Vous ne vieillirez  pas cote à cote. Mais ensemble, il n’y a aucun doute.

 

Ainsi Va la vie....

 

Williams Franceschi

 

 

 

 

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21/05/2023
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