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Ainsi va la vie... épisode n°45 …PUTAIN de CAME !!

Mardi 6h. En ce mois de février il fait encore nuit. Un vent cinglant souffle sur Aix en Provence. La température  fraiche mais au-dessus des normales de saison reste supportable. Les premiers forains manœuvrent leurs camions aux abords de la place jeanne d’Arc. Je me gare Boulevard Victor Hugo.

 

Deux brocanteurs de mes amis s’interrogent sur l’opportunité de déballer ou pas sous un vent à décorner les bœufs. En arrivant, quand je tournais autour   de la fontaine de la Rotonde un groupe de policiers semblait intervenir sur ce que j’imaginais être une bagarre un peu plus haut sur le cours Mirabeau évènement fréquent à cette heure-là. Un des brocanteurs arrivé bien avant moi me confirment qu’il s’agissait bien d’une rixe entre jeunes bien imbibés.

 

Le bar où nous prenons habituellement le café n’est pas encore vraiment ouvert mais la serveuse qui prépare la terrasse nous raconte qu’un jeune homme de 16 ou 17 ans est étendu à quelques mètres plus bas sur le trottoir les bras en croix. Il doit être mort son cœur ne bas plus. Vent de panique. Je ne sais pas ce que je peux faire mais je veux m’approcher. Je demande si on a prévenu les secours on me répond que oui une dame a téléphoné aux urgences. Je m’approche. Un groupe de jeunes qui parait totalement indifférents face la gravité de l’évènement  déambule autour de la victime. Au même moment le camion des urgences gyrophare et sirène en alerte arrive et se gare  à vitesse grand V, deux ambulanciers prodiguent les premiers soins, chargent sur une civière et embarquent le corps inerte. Je suis trop loin et trop mal placé pour définir avec exactitude leurs gestes ; tout se passe très  vite.

 

Je retourne vers ma voiture. A l’arrêt main sur le volant je suis traversé par une étrange sensation. J’imagine le pire. Quelques jeunes qui ont quitté le lieu des faits passent devant ma voiture. A leur démarche je devine qu’ils sont alcoolisés et shootés. J’imagine le pire et je pense à la maman ou au papa à qui on va apprendre la nouvelle. Et puis bien malgré moi je fais un transfert. ; Je suis le père, ce jeune homme c’est mon fils.  Non ça ne peut pas lui arriver. Il a bien comme tout le monde, sauf moi, du fumer un joint, mais de là à passer... Et puis le doute me traverse. Et qu’est-ce que j’en sais ? Que savons-nous de nos enfants ? J’ai essayé d’être un père exemplaire mais l’ai-je été ? Nous avons tous des jardins secrets mon fils a peut-être le sien ? Un jardin du diable dont je ne me doute de rien. Il ne s’agit pas d’avoir confiance ou pas ; il s’agit d’ignorer en toute bonne foi les causes et les raisons, les douleurs de l’autre et les moyens qu’un enfant a trouvés pour compenser certains vides. Je dis enfant parce que dans le cœur des parents, même adulte, un enfant reste un enfant.

 

Je suis retourné. Une boule entrave ma gorge, par orgueil je retiens mes larmes. Je fais une fixation sur mon fils tout en pensant au désarroi des parents de cet ado qui vient de partir dans l’ambulance. Je repense à la bagarre parce que la serveuse nous a précisé qu’il avait un gros hématome à la tête mais il se l’est  peut-être fait en tombant.

 

Si mon fils s’était trouvé pris à parti dans une bagarre, sans jouer les héros sur le retour ou les supermen, mais ceux qui me connaissent dans la vraie vie savent que je ne galèje pas, j’aurais foncé dans le tas comme au rugby au milieu d’une mêlée pour récupérer le ballon et croyez-moi je l’aurais sorti de là. Dans ces circonstances l’homme peut dégager une force hors norme je l’ai déjà vécu. Alors cette force surhumaine… je  vous dis pas pour mon fils !

Mais que faire s’il était passé de l’autre côté du miroir à cause de cette putain de came ? Il n’y a que dans les films ou les romans  de science-fiction qu’on peut suivre le grand tunnel vers la lumière pour ramener un être cher dans notre monde. Dans la réalité ? Je me serais posé jusqu’à la fin de mes jours une obsessionnelle  question : Pourquoi ?

 

Après un café que j’ai eu un mal fou a avalé j’ai repris la voiture direction la maison et je ne me souviens plus du tout d’avoir roulé jusqu’à mon portail. Ce n’est qu’en rentrant dans mon salon que mon cerveau est sorti de cet état de somnambulisme.

Dès 9h j’ai appelé l’hôpital d’Aix qui a refusé de me renseigner sur l’état de l’ado ni même sur le fait qu’ils aient rentré un jeune homme en urgence. Mais plus tard dans la journée un ami journaliste m’a dit qu’il avait dû s’en sortir sinon il en aurait entendu parler et les jours suivant son canard n’en a fait aucun  écho. Je ne suis pas soulagé mais ça va mieux.

 

Au repas du soir, alors que tout se passait pour le mieux, petit accro banal avec mon fils. Je ne lui avais rien raconté sur les évènements du matin mais  il clôture la discussion sur un : « Toute façon tu peux pas comprendre…. ».

Je n’ai pas répondu, j’ai souri … je l’ai trouvé beau, jeune presqu’aussi arrogant que moi au même âge et terriblement vivant.

C’est drôle comme ce qui aurait pu m’irriter en d’autres circonstances me passait tout à coup trois mètres au-dessus de la tête….

Ainsi va la vie…

 

(A suivre…)

Je vous embrasse

Williams

 

 

 



17/02/2017
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